Séverine Le Loarne, professeur à Grenoble Ecole de Management, a réalisé en partenariat avec Réseau Entreprendre et Fédération Pionnières une étude intitulée « Hommes / Femmes, vos stratégies de développement d’entreprise ». A contre-courant des idées reçues, les résultats démontrent que le sexe de l’entrepreneur n’explique pas la croissance et la taille de l’entreprise.
18 % des entrepreneurs créateurs ou repreneurs interrogés pour les besoins de l’enquête sont des femmes. « Mais elles créent des structures souvent petites, voire mono-salariée, avec un développement faible et peu de recrutement », constate Séverine Le Loarne. Comment expliquer les freins à la croissance des entreprises au féminin ?
Les activités choisies par les femmes sont peu porteuses de croissance / Faux
Certes, « dans le secteur des services, 30 % des entreprises sont dirigées par des femmes alors qu’elles représentent 18 % de l’échantillon » constate l’étude. Pour autant, les activités de services ne débouchent pas nécessairement sur des petites entreprises à faible croissance. « Les hommes qui se lancent dans des activités de conseil génèrent aussi du chiffre d’affaires », souligne Séverine Le Loarne. Or, « alors que les entreprises portées par des hommes réalisent en moyenne 4,9 millions d’euros de CA, les femmes, elles, réalisent 1,6 millions d’euros de CA. » L’explication : les femmes créent plus qu’elles ne reprennent.
Les femmes sont plus contraintes par leur vie de famille / Faux
L’enquête montre qu’elles ont en moyenne 2 enfants à charge contre 3,5 pour les hommes. « Par ailleurs, on a constaté que les entrepreneurs masculins consacrent aussi du temps à leur vie de famille, si ce n’est parfois plus que les femmes », précise Séverine Le Loarne.
Les femmes délèguent moins que les hommes / Vrai
Le constat est clair : « elles créent plus d’activités qu’elles n’en reprennent, les femmes déclarent plus s’impliquer dans les fonctions opérationnelles afférentes à la vie de l’entreprise que les hommes », révèle l’enquête. De leur côté, les hommes se consacrent davantage à la vision, la structuration et à la commercialisation, passant le relais sur la production. Résultat, les femmes prospectent moins et font moins de networking. Ce qui représente un vrai frein au développement de leur structure.
Une question d’expérience
Comment expliquer cette disposition des femmes à ne pas déléguer ou à ne pas chercher les personnes ressources pour réaliser l’opérationnel ? « Nous avons constaté qu’elles affichent moins d’expérience que les hommes à des postes de direction avant de se lancer dans la création d’entreprise », explique Séverine Le Loarne. Les femmes développent donc moins des réflexes de dirigeants dès la création de leur structure. Car la vision à court, moyen et long terme d’une entreprise se pense dès le début.
Ce manque d’expérience s’explique principalement, selon le professeur de Grenoble Ecole de Management, par la place des hommes et des femmes dans la société et l’éducation qui forme les goûts.
Si le sexe de l’entrepreneur n’est donc pas un facteur déterminant pour la croissance d’une entreprise, il explique son parcours et son expérience qui permettent d’adopter dès l’origine les fondamentaux d’un dirigeant.