Shan Zhao, professeur à Grenoble Ecole de Management a réalisé une étude auprès de 1 900 grandes entreprises américaines révélant que celles dirigées par un seul individu, le président-directeur général, affichent une meilleure performance dans un contexte concurrentiel plus complexe et tendu.
CEO Duality and Firm Performance: Evidence from an Exogenous Shock to the Competitive Environment
Tina Yang, Shan Zhao
Journal of Banking & Finance
Jusqu'au début des années 90, plus de 80% des firmes américaines étaient dirigées par un PDG. En 2010, ce chiffre est tombé à 54%. Une des raisons de ce changement de modèle d’organisation s’explique par le fait qu’une direction à deux têtes privilégierait les intérêts de l’entreprise sur ceux des actionnaires.
Or, le travail mené par Shan Zhao auprès de 1 926 grandes sociétés américaines, entre 1979 et 1998, aboutit à la conclusion inverse : les entreprises dirigées par un seul président-directeur général améliorent leur business, notamment en période de tension économique. L’étude prend pour exemple les conséquences sur les sociétés au moment de l’instauration en 1989 de l'accord de libre-échange Etats-Unis – Canada. Le traité a aboli toute barrière douanière et tarifaire entre les deux pays.
Un choc économique que les firmes ont absorbé plus ou moins bien, notamment en fonction de l’organisation de leur direction. Celles dirigées par un P-DG ont affiché des capacités d’adaptation et donc des performances bien meilleures que les autres. Leur indice Q de Tobin (qui mesure l'impact des investissements de l'entreprise sur sa valeur boursière) s’est avéré supérieur de 3 à 4 % à celui des sociétés à direction bicéphale.
Une meilleure circulation de l’information
Comment expliquer ces résultats à l’heure où la répartition entre président et directeur général n’est guère remise en question ? D’abord par la capacité du dirigeant unique à prendre rapidement des décisions stratégiques. Ensuite par une meilleure collecte, un meilleur traitement et une meilleure transmission de l’information, nerf de la guerre dans un contexte de concurrence accrue. « La perte de temps et le manque de circulation de l’information peuvent conduire très rapidement à laisser passer des opportunités », explique Shan Zhao.
Une organisation favorable aux entreprises innovantes
L’étude relève par ailleurs que le gain de performance apporté par le dirigeant unique est encore plus important pour les sociétés qui évoluent dans les secteurs très innovants (informatique, high tech…). Des marchés où la capacité de réaction et d’adaptation est primordiale pour réussir.
Alors, dans un contexte économique de plus en plus incertain et concurrentiel, où la capacité d’adaptation des organisations est cruciale pour accompagner le changement, la question du dirigeant unique reste ouverte.