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Thermostats intelligents : comment convaincre de futurs utilisateurs ?

Thermostats intelligents : comment convaincre de futurs utilisateurs ?
Publié le
12 Octobre 2021

Les thermostats intelligents génèrent jusqu’à 10 % d’économies d’énergie thermique résidentielle. Mais leur diffusion est lente, en Europe. Afin de mieux cerner les freins à l’adoption de ces dispositifs, trois enseignants-chercheurs de Grenoble Ecole de Management ont réalisé une étude en ligne auprès de 5 500 répondants de huit pays européens. A la clé, des préconisations.

Cette étude s'inscrit dans le cadre du projet européen CHEETAH. Les données ont été collectées, en 2018, dans huit pays d'Europe du Sud, du Nord, de l'Est et de l'Ouest, qui, à eux huit représentent au total 80 % de la population de l'Union européenne. Soit un échantillon représentatif de 600 à 700 personnes par pays sondé.

Soulignons, en préambule, qu'en Europe, le secteur résidentiel émet 40 % des émissions de CO2, dont 20 % sont émis par le chauffage résidentiel. L'équipement d'un thermostat intelligent – dont le coût est d'environ 100 € – peut générer, à l'échelle individuelle, jusqu'à 10 % d'économies d'énergie, sans perte de confort.

La méthode de l'expérience de choix discret

« Notre méthodologie s'est appuyée sur l'expérience de choix discret (DCE), souligne Corinne Faure, enseignante-chercheure à GEM, co-auteure de cette étude en ligne avec Marie-Charlotte Guetlein et Joachim Schleich, tous trois enseignants-chercheurs à GEM dans le domaine de l'énergie. Dans le cadre de l'expérience de choix, les personnes sont exposées à des thermostats intelligents avec différentes caractéristiques : l'affichage des températures, le contrôle à distance via un smartphone, l'octroi de subvention pour s'équiper, l'amélioration d'efficacité énergétique… « Grâce à cette méthode, nous avons pu observer les critères de choix les plus importants ainsi que les arbitrages entre ces critères », poursuit Corinne Faure.

Les subventions à l'équipement ont de l'impact

Premier constat, les individus les plus soucieux des questions environnementales seront également les plus intéressés par ce type d'équipement, au vu des économies d'énergie réalisées. Autre constat, les subventions publiques, ou les subventions émanant des fournisseurs d'énergie, ont un effet incitateur pour s'équiper de tels dispositifs. Arrivent ensuite les motivations liées à l'affichage des températures et le contrôle des données à distance.

La question de la confidentialité des données, du traitement et de la destination des données privées, est décisive dans la décision de s'équiper...()

Des freins à l'équipement selon les profils d'utilisateurs

« La question de la confidentialité des données, du traitement et de la destination des données privées, est décisive dans la décision de s'équiper ou non d'un thermostat intelligent, souligne Corinne Faure. « En revanche, la notion de « perte de contrôle » et d'autonomie dans la gestion de la température ambiante ne semble pas être un frein. »

Notons que, parmi les profils d'utilisateurs, les amateurs de technologie sont plutôt séduits par les fonctionnalités techniques des thermostats intelligents, alors que les individus soucieux de l'environnement mettent la priorité sur les économies d'énergie qui sont à la clé. 

Les recommandations

  • « La question de la confidentialité des données est un frein décisif sur lequel les fabricants doivent communiquer, afin de garantir des garde-fous. Ceci dit, ce frein reste irrationnel lorsque l'on observe les applications que chacun est prêt à télécharger sur son smartphone, relève Corinne Faure.
  • Les subventions sont propices à l'équipement : EDF, en France, avait déployé un programme porteur d'aide à l'équipement des thermostats intelligents dans les foyers souhaitant s'équiper de ce type d'installation.
  • L'action des prescripteurs et des experts en énergie est également incitatrice : l'Etat, l'ADEME… ont un rôle déterminant à jouer dans l'adoption de ces dispositifs, car ce sont des interlocuteurs qui paraissent crédibles, soutient Corinne Faure.
  • En revanche, le bouche à oreille n'infléchit que très peu la décision de s'équiper, car le taux d'équipement en France, par exemple, est très faible, de l'ordre de 15 %. » 

Notons qu'une étude récente prévoit un taux de croissance de l'ordre de 10 % par an en Europe concernant ce type d'équipement. Avec un taux d'adoption révélé dans l'étude en 2018 d'environ 20% (15% en France), ceci représenterait un taux d'équipement d'environ 25 % en Europe (20% en France) en 2021

Consulter l'étude

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