
En septembre dernier, le gouvernement a appelé les citoyens à être « au rendez-vous de la sobriété ». Dès lors, peut-on choisir de ne pas subir la sobriété ? Une analyse menée par les chercheurs de la chaire Territoires en Transition de Grenoble Ecole de Management et publiée dans Les Echos apporte un éclairage sur le sujet.
Frédéric Bally, Thibault Daudigeos, Vincent Jourdain et Fiona Ottaviani respectivement sociologues et économiste à Grenoble Ecole de Management ont analysé l’usage du terme sobriété dans la presse nationale de 2000 à 2005 (début de l’utilisation marginale du mot) et de 2017 à 2021 (utilisation généralisée).
Pour la période de 2000 à 2005, l’analyse fait apparaître quatre thèmes dominants : sobriété liée à l’alcool, sobriété énergétique, sobriété dans le milieu automobile et sobriété artistique. Entre 2017 et 2021, quatre thèmes principaux sont associés à la sobriété dans la presse. La sobriété liée au monde de l’art se maintient. Le thème de la sobriété énergétique se renforce et sa signification s’enrichit. Un thème nouveau apparaît, celui de la sobriété des modes de vie. Cela comprend par exemple l’achat de vêtements d’occasion, le nouveau lien à la nature, etc.
La sobriété : un terme de plus en plus utilisé
Les résultats de cette recherche démontrent que l’emploi du terme sobriété est en croissance exponentielle, bien que celui-ci soit source de débat et revêt différentes significations.
Nos experts évoquent : « De notre analyse, deux versions de la sobriété ressortent :
- Une version d’efficacité, qui s’est imposée en premier, où il s’agit de faire la même chose ou plus avec moins ;
- Une version de réduction de la demande, redéfinition systémique des besoins. »
Les chercheurs de Grenoble Ecole de Management dans le cadre du Baromètre des transitions mis en place avec le soutien de Grenoble Alpes Métropole et de l’Agence de la Transition Ecologique (ADEME) ont interrogé les habitants de la Métropole de Grenoble sur leur perception du terme sobriété. Il en ressort avec une grande majorité la modération des comportements individuels.
La sobriété à l’origine de débat
Les membres du Groupe d’experts Intergouvernemental sur l’Evolution du Climat (GIEC) soulignent que les industries polluantes ont promu un discours tourné sur l’individu plutôt que sur la structure, ce qui restreint l’action en faveur de la soutenabilité. Or, les membres du GIEC et l’ADEME soulignent que les individus sont contraints par les structures. Selon eux, les transformations en faveur de la sobriété nécessitent de nouvelles formes d’organisations socio-économiques et de régulations collectives.
Dès lors, comme l’indiquent les chercheurs grenoblois, les politiques ne seront pas à la hauteur des enjeux tant qu’elles s’en tiendront à la responsabilité individuelle : « Ne pas choisir la sobriété, avec des politiques volontaristes en la matière, c’est courir le risque de la subir. »
Pour en savoir plus :
*Le Baromètre des transitions : Ce dernier a pour objectif de connaître les pratiques, comportements et représentations des habitants du territoire grenoblois sur des enjeux de société afin de permettre aux institutions de mieux agir en matière de politiques socio-environnementales et d’action publique locale.