
Président de la Fondation GEM depuis décembre 2020, Charles Marcolin a fondé en 1991 le groupe Korus, qu’il continue à diriger. Sa conviction : en se rapprochant des chaires de recherche, les entreprises élargissent leur cadre de réflexion et apportent de nouvelles solutions à la société.
Korus avait-il déjà des liens avec GEM avant que vous ne preniez la présidence de la Fondation ?
Charles Marcolin : je sais depuis longtemps que GEM est une école inspirante, capable d'aider les entreprises à tisser des liens inédits et à évoluer. Nous avons aussi en commun des valeurs comme l'engagement et l'audace. Enfin, de manière concrète, nous avons lancé ensemble le TIM Lab, un espace de 170 m2 dédié à la découverte par l'expérimentation des différentes étapes du processus d'innovation. Il est ouvert aux étudiants, aux professeurs et aux utilisateurs extérieurs, venus en particulier des entreprises.
Quel sens donnez-vous à votre action à la tête de la Fondation GEM ?
CM : la Fondation apporte aux entreprises tout ce que leur rythme quotidien ne leur permet pas de faire. Du temps, pour explorer des sujets de société complexes comme la transformation des territoires, le numérique, la santé, la transition énergétique ou l'entrepreneuriat féminin. Du recul, pour analyser ces sujets en profondeur, dans une vision systémique et long terme. De la conceptualisation, pour comprendre des phénomènes sous-jacents et faire progresser la connaissance.
Le travail des chaires est d'une richesse exceptionnelle, il permet aux entreprises de grandir. De plus, celles-ci peuvent retirer une fierté légitime de leur implication dans des projets de recherche ambitieux.
Ces travaux ne sont-ils pas trop théoriques pour être exploités sur le terrain ?
CM : non, car c'est justement en mettant en relation des univers et des acteurs différents autour de valeurs communes qu'on progresse. Ne dressons pas des barrières entre le public et le privé, ou entre les chercheurs et le monde économique ; apprenons à nous parler, à nous comprendre, à créer des passerelles, à raisonner en écosystèmes et non en silos.
En tant que dirigeant, je suis bien placé pour le savoir : nous avons besoin de nous oxygéner l'esprit et de nous ouvrir à des thématiques nouvelles. Quant aux chercheurs des chaires, ils ont la capacité de faire « atterrir » leurs travaux sur du concret et du pragmatique.
Pour une société comme Korus, comment se traduit cette démarche anti-silos ?
CM : Korus est née il y a 30 ans autour de l'installation d'automates bancaires, sur un périmètre d'activité régional. Puis nous nous sommes développés en France et dans plusieurs pays européens ; nous avons abordé d'autres secteurs : commerce de détail, tertiaire, hôtellerie, santé… ; nous avons développé de nouveaux métiers : l'agencement, le conseil, la gestion de locaux, la maintenance, la location pour le compte de tiers… L'idée a toujours été d'avancer et d'explorer, sans nous limiter a priori.
Comment peut se traduire concrètement la volonté de raisonner en écosystèmes ?
CM : prenons l'exemple de la santé. L'hôpital devient un univers de plus en plus digital, tant au niveau de ses équipements que de son organisation. Il peut par exemple planifier avec précision la venue d'un patient : analyse à 9h, IRM à 9h45, rendez-vous avec le spécialiste à 11h… Mais ce patient ressent aussi un besoin de bien-être, de confort pendant sa visite. Que faut-il mettre en place en termes d'agencement des locaux, d'ambiance générale, d'attitude et de disponibilité des collaborateurs pour créer ce bien-être ?
Certes, on demande in fine à l'hôpital de « produire » de la très bonne médecine. Mais on doit aussi prendre en compte ces enjeux qui de plus, sont imbriqués. C'est typiquement l'exemple de sujet sur lequel la recherche éclaire et élargit la démarche des entreprises, pour les aider à apporter à la société des solutions nouvelles.