
Dans le secteur numérique, 33 % des emplois sont occupés par des femmes, et 16 % seulement quand il s’agit de métiers techniques comme celui de développeur, selon Syntec Numérique, syndicat de l’écosystème numérique français. A 24 ans, Zineb Bennis, diplômée du Mastère Spécialisé Big Data de Grenoble Ecole de Management/Ensimag, compte parmi les rares jeunes femmes à exercer le métier de Data scientist pour l’industrie. Témoignage.
Grenoble Business Review consacre une série d’articles qui donnent la parole aux femmes du numérique.
Ambition : briser les représentations erronées et susciter les vocations du côté des entreprises comme des étudiantes.
En 2022, jusqu’à 212 000 postes seront à pourvoir dans le secteur numérique, en France, selon France Stratégie et la Direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques (Dares). La sous-représentation des femmes dans les entreprises du numérique pose la question de savoir comment favoriser la mixité hommes-femmes pour pallier le manque de profils de haut vol.
A 24 ans, Zineb Bennis est fraîchement diplômée du MS Big Data de Grenoble Ecole de Management et Ensimag, la grande école d’informatique et de mathématiques appliquées de Grenoble INP. En juillet 2018, son double diplôme en poche, elle n’a eu que l’embarras du choix pour décrocher un poste dans son domaine de prédilection : les data sciences. Depuis octobre dernier, elle travaille au sein de Fives CortX, à Bron, filiale numérique du groupe industriel Fives, spécialisée dans le stockage, l’analyse et le traitement des données pour les industries de l’acier, de l’aluminium, de la machine outils, de la verrerie, de la logistique…
« Mon travail consiste en la mise en place d’algorithmes de maintenance prédictive pour des machines industrielles. Les algorithmes suivent la dégradation de la machine et donnent des alertes sur les pannes en amont, afin d’optimiser la production et la maintenance des équipements. » Son salaire annuel se situe dans la fourchette des salaires à l'embauche du métier (34-42K).
Du développement à la data science
« Le champ de l’analyse et de la prédiction dans le domaine de la data est vaste. Tous les métiers sont concernés : le commerce, l’industrie, la banque, la santé…. Le secteur s’élargit et il est prometteur, » souligne Zineb Bennis. Pourtant, initialement, cette dernière ne se prédestinait pas à cette fonction : « La première année à l’Ensimag est assez généraliste. En seconde année, je me suis spécialisée en tant qu’ingénieure des systèmes d’information, avec une orientation vers le développement. J’ai réalisé un stage en tant qu’assistante développeur. Mais très vite, je me suis ennuyée. L’ingénieur avec qui je travaillais sur une interface, intégrait la maintenance prédictive. C’est ce domaine qui a véritablement suscité mon intérêt. L’Université Grenoble Alpes (UGA) dispense une formation en Intelligence artificielle. J’ai pour ma part retenu le MS Big Data, en troisième année de l’Ensimag, car ce double cursus intègre le management et la partie technique. Savoir mettre en œuvre une méthodologie de travail est essentiel, » précise-t-elle.
Beaucoup de femmes aiment coder… sans le savoir
« Les femmes, dans l’ensemble, sont effrayées par les métiers du numérique. La société cantonne ces métiers aux « geeks », qui évoluent dans cet univers depuis leur plus jeune âge. C’est un conditionnement culturel. Pourtant, les femmes sont souvent très pointilleuses sur les aspects visuels, sur le design et sur l’ergonomie, souligne Zineb Bennis. L’Ensimag fait beaucoup d’efforts pour mixer ses promotions : dans ma promotion, on comptait 13 à 14 % de filles. Dans le MS Big Data, nous étions 4 filles sur une promotion de 20. Et pourtant, le MS Big Data est très ouvert : on n’y enseigne pas « que » du développement. Mais les mathématiques, le droit, le management et la gouvernance de la donnée. C’est à travers une représentation plus réaliste du diplôme que l’on peut susciter l’intérêt. Et, je suis par ailleurs convaincue que beaucoup de femmes aiment coder… sans même le savoir. C’est grâce à mon stage de fin d’étude en tant que consultante Data scientist que j’ai pu identifier mon intérêt pour la maintenance prédictive. Et je ne m’attendais pas à ce qu’il y ait autant d’offres d’emplois, à Lyon ! La mention « MS Big Data GEM/Ensimag » aide beaucoup : l’image du diplôme auprès des recruteurs est très bonne. »