
Aujourd’hui, l’industrie française consomme l’équivalent de 20 % de l’énergie finale. Cette consommation était d’environ 27 % voici 20 ans. Certes, la part de l’industrie dans le PIB de la France a connu une décrue, passant de 21 à 18 % en 20 ans, mais le secteur a gagné en termes d’efficacité énergétique. Comment résistera-t-il aux enjeux de la sobriété énergétique ?
En 20 ans, l’industrie française a connu une baisse significative de sa consommation énergétique, passant de 27 à 20 % de la consommation de l’énergie finale en 2019 (source ODYSSEE). Parallèlement, le poids de l’industrie française dans l’émission de CO2 dans l’hexagone, s’élève à 20 % contre 24 % en 2000. « Cette diminution est moins significative que la baisse de la consommation d’énergie finale, souligne Carine Sébi, professeure d’économie à Grenoble Ecole de Management, spécialiste de l’énergie. En revanche, la baisse de 21 % de la consommation énergétique industrielle, en 20 ans, mérite notre attention. »
La crise financière de 2008 a généré une baisse de l’activité industrielle
Certes, la part de l’industrie française dans le PIB a connu une décrue, passant de 21 à 18 % en 20 ans. Mais cette décrue n’explique pas tout. « La crise financière de 2008 a généré une baisse de l’activité industrielle, avec moins de commandes et moins d’industries à l’œuvre. Entre 2008 et 2009, on constate en effet une chute de 17 % de la consommation énergétique dans l’industrie, principalement due à la baisse d’activité. L’économie était alors en berne. Parallèlement, un changement structurel s’est opéré depuis les années 2000 : l’effacement des structures industrielles au profit de l’activité tertiaire. Toutefois, le dernier facteur qui a tiré significativement la consommation énergétique à la baisse, est le gain en termes d’efficacité énergétique de l’ensemble du secteur industriel : 20 % d’économies d’énergie ont été générées entre 2000 et 2020 », relève Carine Sébi.
L’efficacité énergétique, à elle-seule, pourrait-elle être alors une réponse à la hausse du coût de l’énergie dans l’industrie ? Rien n’est moins sûr aujourd’hui.
En deux ans, deux chocs cumulés
Début 2020, la crise Covid-19 a constitué le premier choc en termes de consommation énergétique dans l’industrie mondiale. En 2022, la flambée du coût de l’énergie n’a épargné ni les ménages, ni les entreprises en particulier l’industrie. En France, la mise en place du « bouclier énergétique » a visé les ménages en première intention, contrairement à l’Allemagne, qui a anticipé des mesures structurantes visant à pondérer l’augmentation des prix de l’énergie pour l’ensemble de son secteur industriel. « En France, on ne mesure pas encore l’ampleur de ce qui va arriver, prévient Carine Sébi. Car, aux Etats-Unis, par exemple, il n’existe pas de problèmes d’approvisionnement ou de prix de l’énergie. Aussi, les commandes industrielles devraient partir à l’étranger plutôt qu’en France. Aujourd’hui, ces facteurs combinés envoient de mauvais signaux. »
Le 29 novembre dernier, le gouvernement français a annoncé un certain nombre de dispositifs de soutien, visant à pallier la hausse des prix de l’énergie à destination des entreprises, des collectivités et des associations. L’enjeu est de taille, puisque cela touche à la viabilité de l’ensemble d’un secteur, au moment où les prix du gaz et de l’électricité atteignent des sommets en France.